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Monde/OCDE L’Europe, bonne élève des aides agricoles

Les mécanismes de soutien européens sont très proches des recommandations de l’OCDE d’après son rapport de 2018 sur les politiques agricoles.

Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) les politiques européennes vont dans le bon sens. À l’échelle mondiale, deux tiers des volumes d’aides participent encore à la distorsion de la concurrence.

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L’OCDE dans son dernier rapport décerne avec prudence plusieurs bons points à l’Union européenne et à sa politique agricole.

Fair-play des joueurs européens

Les politiques européennes jouent collectif. À l’échelle mondiale, elles entraînent moins d’effet de distorsion de concurrence que celles des autres pays. Seulement un tiers des aides entraînent des effets de distorsion de concurrence, quand cette proportion atteint 75 % en Chine et 77 % en Russie. Les prix intérieurs du riz et de la viande sont supérieurs à ceux du marché, mais les autres cours restent proches des cours mondiaux. Par comparaison dans la période de 2015 à 2017, les États-Unis soutiennent plus largement le lait et le sucre. Dépendantes des cycles de prix, les orientations américaines peuvent toutefois rapidement évoluer.

Si la plupart des aides agricoles au niveau mondial ont des effets de distorsion de concurrence, l’organisation du commerce note que les politiques semblent se rapprocher les unes des autres.

Vendre plus, produire mieux

L’UE est offensive sur le terrain. Les observateurs de l’OCDE notent les efforts de développement de l’Union sur les marchés mondiaux, notamment au travers des signatures d’accord bilatéraux. Les récentes décisions du gouvernement américain en matière de droits de douane pourraient d’ailleurs favoriser les discussions avec l’ensemble des autres pays.

Comme les États-Unis, la Russie semble également se refermer sur elle-même. Selon l’organisation, les politiques agricoles s’y développent dans deux directions parallèles : augmenter les exportations, et assurer l’autosuffisance. Les soutiens au prix, payés par les consommateurs, restent la principale mesure gouvernementale. Les producteurs brésiliens et mexicains ont pour leur part vu diminuer le niveau de soutien au cours des dernières années.

Choisir son modèle agricole

Tout le monde ne veut pas la même agriculture. La majoration des premiers hectares, qui vise à favoriser les fermes familiales, fait froncer les sourcils de l’organisation. Elles seraient susceptibles d’entraîner des effets de seuil en limitant la taille des exploitations.

Cette protection est originale à l’échelle mondiale, puisque la tendance chez les grandes puissances agricoles est toujours à l’agrandissement. La Russie mise plutôt sur les investissements privés de grands groupes dans l’innovation, alors que la Chine développe les coopératives et l’agro-industrie. La Suisse, pendant ce temps, investit près de 160 % de la valeur ajoutée de son agriculture dans les soutiens au secteur.

Une Europe toute verte

L’Europe est également bien positionnée sur les mesures agri-environnementales. Les mécanismes de conditionnalité, de contractualisation et les fonds de développement rural permettent d’orienter les actions au niveau individuel ou collectif dans le sens d’une gestion responsable des ressources. En Chine, les problèmes d’eau et de terre sont de plus en plus graves. Avec seulement 10 % de la surface agricole mondiale, le pays doit nourrir 20 % de la population mondiale, et des dommages sont à prévoir. Aux États-Unis, si les agriculteurs émettent des niveaux de gaz à effet de serre semblables à ceux des autres pays, ils consomment en revanche beaucoup plus d’eau.

Un dernier conseil aux Européens ? Favoriser la gestion des risques à la manière des politiques américaines : « Aplanissez le terrain pour faire jouer les exploitants en toute sécurité. »

Ivan Logvenoff

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